L’acquisition du nombre et la dyspraxie : du laboratoire à la salle de classe
28 mars, 2023 | Le coin du chercheur, Mathématiques, Neurosciences, Neurovision, Vidéos | Pas encore de commentaires.
9 juin, 2020 | Dys, Neuroplasticité, Neurosciences, Neurovision, Proprioception, SDP/dysproprioception, SensoriDys | Pas encore de commentaires.
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Afin d’aider les familles à soutenir leurs enfants durant le traitement proprioceptif, je me suis rendue à Beaune pour interviewer le Dr Patrick Quercia (Chercheur associé – Unité INSERM U1093 Cognition Action et Plasticité Sensorimotrice) .
Je lui ai soumis un certain nombre de questions que se posent les enfants et il a accepté d’y répondre.
Pour commencer, il a répondu à quatre questions générales sur la proprioception :
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Ensuite, il a répondu à un certain nombre de questions portant sur le traitement proprioceptif :
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1. A quoi servent les prismes ? Pourquoi dois-je les porter en dehors de l’école, alors que je ne vois pas différemment avec et sans mes lunettes ? https://vimeo.com/426904462
2. A quoi servent les semelles ? En vacances, à la maison, l’été quand il fait chaud, puis-je marcher pied-nu et sinon pourquoi ? https://vimeo.com/426904652
3. Quel est le lien entre les semelles et les lunettes ? https://vimeo.com/426904781
4. A quoi servent le pupitre et le repose-pieds à l’école ? https://vimeo.com/426904885
5. Pourquoi faire les exercices respiratoires et puis-je les faire les yeux fermés ? A quoi sert la position pour s’endormir ? Quels sont les conséquences si je ne les fais pas ? https://vimeo.com/426905081
6. Pourquoi certains enfants ont-ils des alphs et d’autres non ? Est-ce que tous les enfants doivent avoir des prismes et faire les exercices respiratoires ? https://vimeo.com/426905429
7. Pourquoi, au cours du traitement, y-a-t’il des périodes avec plus ou moins de progrès ? https://vimeo.com/426905545
8. Combien de temps dure le traitement ? Quand sait-on que le traitement va prendre fin ? https://vimeo.com/426905657
Enfin, il a répondu à quelques questions portant sur la dysfonction proprioceptive :
1. Pourquoi mon dos est-il de travers ?
2. Pourquoi avons-nous ce problème de dysproprioception ? Où sommes-nous mal programmés ?
3. Quel est le lien entre ma dysproprioception et l’écriture et la lecture ?
4. Pourquoi ai-je du mal à prendre conscience de mon corps ?
5. Pourquoi est-ce que j’ai du mal à me repérer dans l’espace ?
6. Pourquoi certains jours tout va bien et, d’autres jours, je me sens moins bien et les choses deviennent plus compliquées ?
7. Pourquoi, avant le traitement, c’était difficile pour moi d’avoir des relations avec les autres ?
8. Pourquoi ai-je du mal à me situer dans le temps ?
9. Pourquoi ai-je aussi des difficultés en dehors de l’école : fatigue, énervement, difficulté à supporter le bruit, la foule ?
10. Comment expliquer aux autres la raison pour laquelle j’ai un traitement ?
La réponse à chaque question a fait l’objet d’une petite vidéo. Sensoridys met à la disposition du public trois vidéos, l’une sur les prismes, l’autre expliquant la relation entre dysproprioception et lecture/écriture, où l’on peut observer l’effet des prismes grâce à une mesure de eye tracking, et la dernière expliquant l’intérêt des exercices respiratoires.
Les autres vidéos seront mises à disposition des seuls adhérents de Sensoridys, à jour de leur cotisation. Ils recevront par mail un lien et un mot de passe pour y accéder.
Marc, atteint d'un Syndrome de Dysfonction Proprioceptive à l'origine de troubles neurovisuels et sensorimoteurs ayant entraîné des difficultés en lecture, une dysgraphie, une dysorthographie et une dyscalculie spatiale.
"Je fais partie de ceux qui pensent qu’y a pas de barrière infranchissable.
Il faut y croire un peu, y’a bien des fleurs qui poussent dans le sable.
Et c’est quand tu te bats qu’il y a des belles victoires que tu peux arracher."
« L'impossible recule devant celui qui avance. »
"N'oublie jamais de regarder si celui qui refuse de marcher n'a pas un clou dans sa chaussure."
« L’erreur présente parmi les hommes est de vouloir entreprendre séparément la guérison du corps et celle de l’esprit. »
Posté dans 16 avril, 2019 dans Dys, Le coin du chercheur, Neurovision, Proprioception, SDP/dysproprioception. Pas encore de commentaires
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Dans une thèse datant de 2002, Pierre Gangloff avait décrit les différents protocoles de son étude qui avait montré le rôle des afférences sensorielles trigéminales (informations émanant des récepteurs sensitifs du nerf trijumeau) sur le contrôle postural, ainsi que sur la stabilisation du regard. Le fait de modifier celles-ci pouvait d’une part détériorer le contrôle postural et la stabilisation du regard mais également les améliorer. Une modification expérimentale des afférences trigéminales, soit en modifiant l’occlusion dentaire, soit en anesthésiant unilatéralement une des branches du nerf trijumeau, avait influencé la régulation fine du contrôle postural. Il en avait conclu que toute modification des afférences trigéminales pourrait avoir des répercussions sur le maintien de l’équilibre.
Une nouvelle étude, réalisée en collaboration avec le service d’odontologie de la Pitié Salpétrière, vient maintenant montrer qu’en touchant la bouche, on peut modifier la vision. C’est une première !
Les résultats de cette étude exploratoire pilote suggèrent qu’il existe une modification de la localisation spatiale visuelle lors de manœuvres sensorielles ou mécaniques orales et de manière encore plus fréquente chez les dyslexiques. Ce phénomène varie aussi en fonction de la posture. Ces résultats nécessitent d’être maintenant confortés par des études complémentaires. Cette étude ouvre un nouveau domaine de recherche sur les relations entre perception sensorielle orale, perception visuelle et régulation posturale.
Dans cette étude a été utilisé le test du maddox postural qui, en perturbant la vision binoculaire, permet de mettre en évidence des troubles de la localisation spatiale visuelle :
L’influence de la bouche sur la localisation spatiale a été testée avec différentes stimulations sensorielles orales (différentes positions de la langue, lèvres serrées) ou mécaniques (rouleau salivaire, orthèse).
Voici un petit extrait traduit de cette étude :
« Les principaux résultats de cette étude suggèrent fortement que des manipulations au niveau oral modifient la perception visuelle et affectent les enfants dyslexiques différemment des normaux-lecteurs.
Effet global des stimulations orales sur l’axe visuel :
En utilisant le test de Maddox, qui perturbe la vision binoculaire, nous avons démontré pour la première fois qu’il est possible de modifier la perception visuelle en modifiant les informations sensorielles orales pour 69% des enfants dyslexiques et non dyslexiques.
Les changements étaient significativement plus fréquents dans la population dyslexique, et la labilité était considérablement plus élevée chez les dyslexiques.
[…]
Parce que les informations proprioceptives des muscles de l’oeil sont portés par la branche supérieure du nerf trijumeau, il n’est pas surprenant que des modifications orales puissent interférer lorsque l’équilibre oculaire est instable en raison de changements dans la fusion rétinienne.
[...]Stimulations orales, Hétérophories Verticales et Dyslexie:
La majorité des enfants dyslexiques ont des troubles visuels et phonologiques. Mouvements oculaires imprécis, difficultés de reconnaissance visuelle et perturbations phonologiques sont généralement considérés comme ayant une origine neurodéveloppementale.
Heilman a proposé que la bouche puisse jouer un rôle dans l’émergence des problèmes phonologiques des enfants dyslexiques qui ignorent la position de leurs articulateurs lors du discours.
L’impossibilité d’associer la position de leurs articulateurs avec des sons de la parole peut nuire au développement de la conscience phonologique et à la capacité de conversion de graphèmes à phonèmes.
Le haut niveau de labilité oculomotrice trouvé dans notre étude lorsque la position de la langue est modifiée pourrait aider à comprendre la présence de troubles visuels et phonologiques chez les dyslexiques. Cela pourrait aussi expliquer pourquoi certains dyslexiques ont plus de difficulté pour lire à haute voix.
L’article dans son intégralité :
Are changes in the stomatognatic system able to modify the eye balance in dyslexia?
Mettey Alexandre, Bouvier Anne-Marie, Jooste Valérie, Boucher Yves, Quercia Patrick (Journal of Oral Biology and Craniofacial Research, volume9, Issue 2, april-june 2019, pages : 166-171)
Les résultats de cette étude suggèrent également que des ajustements thérapeutiques dans la bouche pourraient avoir un effet néfaste sur la stabilité oculaire et sur la régulation posturale, plus particulièrement chez les enfants dyslexiques. Je vous invite dont à lire les recommandations données à ce propos par une orthodontiste sensibilisée à la prise en charge proprioceptive des troubles des apprentissages :
Votre enfant dys va porter un appareil dentaire ? Ce qu’il est utile de savoir.
Note : Image du nerf trijumeau, auteur: Suzanne Léger , Interscript inc. , Le monde en images, 2014
Posté dans 9 janvier, 2019 dans Emissions TV, radio, presse,livres, Le coin du chercheur, Neurosciences, Neurovision, Proprioception. Pas encore de commentaires
Ce que nous percevons n’est qu’une construction de notre cerveau, voilà une phrase qui devient pour moi un véritable leitmotiv (encore plus depuis que j’ai assisté aux pertes visuelles que génère l’examen du Maddox Postural). Mais, ce qui me fait plaisir, c’est de voir que je ne suis pas la seule à le dire. Dans son livre « Parlez-vous cerveau », le neurologue Lionel Naccache utilise la même expression et nous explique comment le cerveau construit notre perception.
Extrait de son livre :
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« La perception est une construction
« Les sciences du cerveau nous ont enseigné que la perception est une action ! Il ne s’agit pas d’un slogan politiquement correct visant à nous remonter le moral lorsque nous nous sentons trop passifs […] mais des résultats spectaculaires des neurosciences de la perceptions.
Un exemple simple ?
Ouvrez bien grand les yeux et fixez droit devant vous. Que voyez-vous ? rassurez-vous, je ne dispose pas de webcams qui vous espionnent, mais je ne pense pas prendre trop de risques en affirmant que l’image que vous percevez est colorée. Oui, et alors ?
Alors, cela ne va pas de soi !
Les cellules qui tapissent la rétine transforment la lumière en impulsions nerveuses. Mais voilà, il y a un hic. Nos rétines contiennent deux types de cellules. Les premières, situées au centre, sont sensibles aux couleurs, tandis que les secondes ne voient le monde qu’en noir et blanc. Si le cerveau ne faisait que recevoir passivement les informations transmises par nos rétines, nous devrions percevoir le monde en couleurs autour du point que nous fixons, alors que tout le reste devrait apparaître noir et blanc. Quelle implacable conclusion en déduisez-vous ?
Notre cerveau colore les informations lumineuses qui lui arrivent en noir et blanc ! Élémentaire mon cher Watson …
Mais ce n’est pas tout, notre perception est le fruit de nombreuses autres actions.
[...]
Sur le côté de chacune de nos rétines, il y a un trou par lequel passent les vaisseaux et le nerf optique en partance pour le cerveau. Nous devrions donc percevoir le monde visuel avec deux « taches aveugles » sur les côtés.
Quelle conclusion en tirons-nous, toujours en raisonnant par l’absurde ?
Si ces tâches aveugles n’empiètent sur aucune de nos perceptions, c’est bien parce que notre cerveau remplit ce « trou » de la rétine par des inventions visuelles de son cru. Ce phénomène de remplissage a été découvert par l’abbé naturaliste Edmé Mariotte dès le XVII e siècle. Notre cerveau invente ici ce qu’il ne voit pas du monde, selon ce qu’il suppose qu’il devrait être !
A un niveau plus abstrait encore, notre cerveau construit notre perception comme le client d’un restaurant compose son assiette dans un buffet : il ne retient qu’une partie infime de ce qui est face à lui, ce qui nous intéresse, ce que nous cherchons, ce qui fait sens pour nous.
Coloriage, effaçage, stabilisation, remplissage, sélection, etc. : la palette d’actions réalisées par notre cerveau pendant la perception est très vaste. N’ayant pas conscience de ces coulisses de la perceptions, nous pensons à tort, que la perception est passive. En réalité, la perception est une construction permanente de notre cerveau.
Mais, c’est aussi ce que nous explique Bruce Benaram, de la chaîne Youtube de vulgarisation scientifique : e-penser, dans deux épisodes consacrés à la vision. Dans le premier, il nous décrit le fonctionnement de l’œil et dans le deuxième (que je vous recommande vivement), il nous explique comment le cerveau traite l’information visuelle pour construire notre perception :
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Cerise sur le gâteau, il nous parle du colliculus supérieur, cette petit partie du cerveau dont je vous ai déjà entretenu à plusieurs reprises. Il nous explique que c’est vers le colliculus supérieur que se dirigent 10% des fibres optiques issues de l’œil. Son rôle majeur est de diriger notre regard et notre attention vers les objets d’intérêt. Cette petite structure « court-circuite » le cortex visuel (où est traité l’information visuelle consciente), elle permet un traitement immédiat et inconscient de l’information visuelle, c’est là que se jouent les mouvements oculaires les plus rapides (les saccades). Et nous apprenons dans que le colliculus Inférieur agit de la même façon au niveau de l’audition et que les deux colliculi inférieurs et supérieurs interagissent et échangent en permanence des informations.
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C’est exactement ce que nous pouvons lire de le livre « Oeil et bouche », des Dr Quercia et Marino :
La voie rétino-tectale correspond à 10 des fibres optiques. Son importance est primordiale dans la coordination des mouvements de la tête et des yeux, et dans la stabilisation de l’image rétinienne.[...] elle se termine dans la une région nommée colliculus supérieur (CS) ches les mammifères.
[...]
Associés aux colliculi inférieurs qui font partie de la voie auditive, ces noyaux de petite taille (6 mn) intègrent les informations visuelles et auditives avec les informations somato-sensorielles liées aux mouvements de la tête et du corps dans le but d’orienter le regard vers les centres d’intérêt qui nous entourent.
[...]
Il est à noter que le CS représente une structure sensorimotrice, dont le rôle est central dans le déclenchement et l’orientation des saccades oculaires vers un sujet digne d’intérêt. Il y existe des connections quasi-directes entre informations sensorielles et motrices. On y trouve aussi des neurones mixtes visuo-moteurs, mais aussi des neurones pluri sensoriels (capables de décharger pour des stimuli visuels, auditifs, tactiles et proprioceptifs). Il s’agit donc d’une structure cérébrale dans laquelle les liens sensorimoteurs sont très étroits, rapides et reposent sur une perception multi-sensorielle inconsciente.
Posté dans 16 octobre, 2018 dans Neurosciences, Neurovision. Pas encore de commentaires
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La réalité de ce que nous percevons est sans cesse reconstruite par notre cerveau, comme le souligne le Pr Alain Berthoz, professeur au collège de France :
Le cerveau de l’homme, comme le cerveau des animaux, ne perçoit le monde qu’à travers ses grilles d’interprétation, ses capacités. C’est-à-dire que le monde tel que nous le percevons [...], est un monde dans lequel nous sélectionnons les informations en fonction de nos a priori, etc.
La perception est décision puisque percevoir c’est à tout moment choisir dans les sens ce que l’on veut voir. On ne peut percevoir que ce qu’on veut voir. (…) le cerveau au fond est une machine qui décide en fonction du passé, de la mémoire, de l’intention.
Les illusions d’optique illustrent très bien cette « re »-construction de la réalité. Je vous propose donc deux extraits d’ un article consacré à ce sujet :
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Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les illusions d’optique occupent une place importante dans la recherche en neurosciences.
D’après Noelle Stiles, une chercheuse post-doctorale spécialisée en biologie et en génie biologique, ces dernières permettent en effet de mieux comprendre les différents processus animant le cerveau et la manière dont il interprète les signaux transmis par les sens.
L’auteure insiste notamment sur le fait que le cerveau ne se contente pas d’analyser froidement les informations délivrées. Il est également programmé pour extrapoler et pour donner du sens à son environnement.[...]
Or justement, les illusions sont un bon moyen de comprendre la manière dont raisonne notre cerveau et de mettre exergue les raccourcis qu’il lui arrive parfois d’emprunter. C’est précisément le cas de l’illusion élaborée par les équipes de Caltech.
Un voyage dans le temps bref, rapide et sans douleur
Le cerveau est alors un peu perdu et il suppose donc qu’il existe un troisième flash situé entre les deux autres. Bien sûr, la vitesse joue aussi un rôle très important dans l’expérience. Les signaux sonores sont en effet déclenchés toutes les 58 ms. D’après les recherches menées, ce flash illusoire est provoqué par le fait que le cerveau utilise un traitement « postdictif ». Le cerveau n’étant pas en mesure d’interpréter correctement les informations transmises, il cherche une explication après avoir perçu les signaux lumineux et sonores. Ce qui le pousse bien entendu à prendre quelques raccourcis.
Mais alors, pourquoi le cerveau répète-t-il exactement la même erreur dans la seconde séquence ? Cette fois, il n’y a pas de signaux sonores, mais le contexte reste inchangé. L’étude suppose donc que le cerveau effectue un bref retour dans le passé pour analyser la scène et tenter de déterminer le nombre de flashs apparents. Comme il en avait faussement perçu trois lors de la première phase, il pense en voir trois durant la seconde. La dernière phase le conforterait d’ailleurs dans cette analyse.
Pour voir cette illusion et lire l’article dans son intégralité, suivre le lien :
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Posté dans 31 août, 2018 dans Le coin du chercheur, Neurovision, Proprioception. Pas encore de commentaires
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Nous imaginons tous qu’il suffit que nos yeux se posent sur le monde, tels une caméra, pour nous faire une représentation exacte de ce qui nous entoure. Mais, bien voir met en jeu des mécanismes beaucoup plus complexes !
Dans une publication de 2005, le Dr Quercia pointait déjà l’importance d’une petite structure du cerveau nommée colliculus supérieur, où arrivent, entre autres, les données proprioceptives des muscles oculomoteurs (le cerveau connaît ainsi la position de nos globes oculaires dans leur orbite et peut les diriger vers leur cible). Il décrivait cette structure comme la « centrale » qui contrôle la direction des saccades oculaires en fonction de la représentation de l’espace environnant .
Pour aller plus loin, je vous propose donc un article de 2014 de la Revue Médecine/Sciences qui décrit le colliculus supérieur comme une structure clé dans la sélection visuelle. Il est d’un niveau un peu ardu, j’ai néanmoins sélectionné quelques passages que j’ai trouvés vraiment intéressants. En effet, il explique un aspect totalement méconnu de la vision de la plupart des gens (et qui entre en jeu dans les troubles perceptifs de la personne dysproprioceptive ) :
« Notre système visuel dispose d’une capacité limitée de traitement de l’information et, pour être efficace, il doit donc allouer ses ressources en priorité aux éléments les plus importants de l’environnement. Les principaux centres nerveux qui contrôlent ce mécanisme d’allocation, appelé attention visuelle, ont été localisés au sein du cortex cérébral. Dans cette revue, nous décrivons l’existence d’un autre centre de contrôle attentionnel, situé au sein du tronc cérébral, à savoir le colliculus supérieur (CS). Celui-ci exercerait son influence sur les processus de sélection visuelle en court-circuitant le cortex visuel.[...]Ce déficit marquant met en évidence le rôle crucial d’un aspect de notre vision qui passe d’ordinaire inaperçu : l’attention visuelle (ou sélection, ou orientation visuelle). En fait, nous avons tendance à imaginer que notre système visuel fonctionne comme une caméra, enregistrant en détails tout ce qui se passe autour de nous. En réalité, si notre système visuel devait être comparé à une caméra, 99 % de l’image qu’elle enregistre seraient flous. En effet, en raison notamment de l’inhomogénéité de la densité des photorécepteurs de la rétine, nous percevons de façon nette seulement la partie centrale de notre champ visuel, qui s’étend sur quelques degrés d’angle (un degré correspond plus ou moins à la largeur d’un doigt porté à bout de bras) . Pour compenser cette limitation, nous réalisons en permanence des mouvements des yeux qui permettent de placer les éléments importants de notre environnement à l’intérieur de cette portion nette du champ visuel. On appelle ce processus l’attention manifeste (overt attention). On comprend donc que notre système visuel doit faire preuve d’ingéniosité pour parvenir à construire une image qui soit « en apparence » complète, nette et stable alors qu’elle est en réalité partielle, floue et en mouvement constant. On comprend également à quel point les mécanismes qui décident où l’attention manifeste doit se porter sont un élément absolument fondamental de notre vision.
Par ailleurs, il semble que l’inhomogénéité de la résolution spatiale de la rétine ne soit pas le seul élément qui limite la qualité de notre vision. En effet, même sans déplacer les yeux, nous pouvons allouer des ressources visuelles à certains éléments de notre environnement plutôt qu’à d’autres. Ce processus s’appelle l’attention non mani-feste (covert attention). Par exemple, nous pouvons maintenir notre regard sur la route devant nous tout en « déplaçant notre attention » sur un autre véhicule qui nous dépasse. Dans ce cas, nous pourrons identifier avec plus de précision la nature et la vitesse du véhicule, mais nous serons moins à même de remarquer d’autres faits susceptibles de survenir ailleurs sur la route. Cela signifie qu’au-delà de la résolution spatiale de la rétine, certaines ressources cérébrales sont disponibles en quantité limitée et qu’il existe des processus au sein du cerveau qui permettent de contrôler où ces ressources doivent être allouées .
[...]
ConclusionLes découvertes passées et récentes concourent à présenter le CS comme une structure clé dans la sélection visuelle, manifeste et non manifeste. Il semble que le CS exerce cette fonction via des mécanismes qui ne transitent pas par le cortex, suggérant que deux circuits attentionnels fonctionnent en parallèle au niveau cortical et sous-cortical. Les rôles spécifiques de ces deux circuits restent inconnus, mais on peut émettre l’hypothèse selon laquelle le réseau cortical serait plus spécifiquement impliqué dans les aspects cognitifs plus complexes de la sélection visuelle, comme par exemple la coordination avec l’action en cours, ou en fonction du contexte visuel environnant. Par opposition, le réseau sous-cortical serait, lui, important pour l’allocation automatique de l’attention vers les stimulus périphériques saillants, ou serait mis en jeu au cours de tâches répétitives, ou encore au cours d’apprentissages instrumentaux par renforcement.»
L’article dans son intégralité :
Le colliculus supérieur-Centre sous-cortical de la sélection visuelle
Il est intéressant de noter que dans sa publication de 2005, le Dr Quercia écrivait déjà :
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On estime qu’à ce niveau existe aussi, après capture par le système optique accessoire, une véritable représentation du monde extérieur qui permet au colliculus de contrôler les mouvements oculaires et corporels jusqu’à permettre à la fovéa de fixer le sujet intéressant.
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La fovéa est la zone de la rétine où la vision des détails est la plus précise, celle qui nous permet d’avoir une portion nette du champ visuel. Et pour lui permettre de fixer le sujet intéressant, nous utilisons nos muscles oculomoteur.
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Un certain chercheur , qui fait une analyse critique des publications du Dr Quercia (je ne donnerai pas le lien pour ne pas générer de flux sur sur son blog), ne voit pas le lien direct entre ses travaux sur différents aspects de l’attention visuelle des enfants dyslexiques et la posturologie :
Cet article explore différents aspects de l’attention visuelle chez les enfants dyslexiques, et contribue de manière intéressante à ce secteur de la littérature scientifique. [...] En tout état de cause, cet article n’a pas de lien direct avec la posturologie.
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Il semblerait pourtant qu’il y ait bien un lien entre la proprioception des muscles oculomoteurs, le colliculus supérieur et l’attention visuelle ! Et les prismes du traitement proprioceptif prennent en charge la proprioception des muscles oculomoteurs. Encore faut-il chercher à comprendre les mécanismes en jeu derrière la posture anormale du sujet dysproprioceptif et le mode d’action du traitement proprioceptif …
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Et pour finir, je vous propose de tester à nouveau votre attention visuelle !
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Note : Dans un article consacré à son dernier livre, le neuroscientifique Stanislas Dehaene explique que l’attention est un des piliers de l’apprentissage (encore faut-il que le cerveau reçoive des informations proprioceptives correctes pour la diriger correctement ). Extrait :
1. L’attention
Imaginez que vous arriviez à l’aéroport juste à temps pour prendre un avion. Tout, dans votre comportement, met en évidence la concentration de votre attention. L’esprit en alerte, vous recherchez le panneau des départs, sans vous laisser distraire par le flot de passagers, puis vous identifiez la ligne qui indique votre vol. Des publicités criardes vous interpellent, mais vous ne les voyez même pas : vous vous dirigez en droite ligne vers le guichet d’enregistrement. Soudain, vous vous retournez, car un ami vient de prononcer votre prénom : ce message, jugé prioritaire par votre cerveau, s’empare de votre attention et envahit votre conscience… vous faisant oublier le numéro du guichet. Telles sont quelques-unes des fonctions clefs de l’attention : éveil et alerte, sélection et distraction, orientation et filtrage. En sciences cognitives, on appelle « attention » l’ensemble des mécanismes par lesquels notre cerveau sélectionne une information, l’amplifie, la canalise et l’approfondit. Ce sont des mécanismes anciens dans l’évolution : le chien qui oriente ses oreilles, la souris qui se fige à l’écoute d’un craquement déploient des circuits attentionnels très proches des nôtres [...]
Faire attention, c’est donc sélectionner – et, en conséquence, prendre le risque d’être aveugle à ce que nous choisissons de ne pas voir. Aveugles, vraiment ? Le terme n’est pas trop fort : une expérience célèbre, celle du gorille invisible, illustre à merveille la cécité totale que cause l’inattention. Dans cette expérience, on vous demande de regarder un petit film où des joueurs de basket, en blanc et en noir, se font des passes. Vous devez compter le nombre de passes de l’équipe blanche. Rien de plus facile, pensez vous – et de fait, trente secondes plus tard, vous donnez triomphalement le bon compte. « Oui, mais… et le gorille ? » vous demande l’expérimentateur. « Le gorille ? Quel gorille ? » On rembobine le film et, à votre stupéfaction, vous découvrez qu’un acteur, déguisé en gorille, vient de traverser toute la scène en se frappant la poitrine. Impossible de le manquer, et d’ailleurs on peut prouver que vos yeux se sont bien posés sur lui. Si vous ne l’avez pas vu, c’est que, concentré sur les joueurs de l’équipe blanche, vous étiez en train d’inhiber les personnages en noir… gorille compris ! Obsédé par la tâche de comptage, votre espace de travail mental était incapable de prendre conscience de cet incongru quadrumane. L’expérience du gorille est une découverte fondamentale des sciences cognitives, maintes fois répliquée : le simple fait de focaliser son attention sur un objet de pensée rend aveugle à d’autres stimulations. [...]
L’expérience du gorille mérite vraiment d’être connue de tous, et particulièrement des parents et des enseignants. En effet, quand nous enseignons, nous avons tendance à oublier ce que c’est que d’être ignorant. Nous pensons que ce que nous voyons, tout le monde peut le voir. Et nous ne comprenons donc pas qu’un enfant puisse, sans aucune mauvaise volonté, ne pas voir, au sens le plus littéral du terme, ce qu’on cherche à lui enseigner. Or l’expérience est claire : s’il ne comprend pas à quoi il doit faire attention, il ne le voit pas, et ce qu’il ne voit pas, il ne peut pas l’apprendre.
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Posté dans 29 août, 2018 dans Dys, Neurosciences, Neurovision, Proprioception. Pas encore de commentaires
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J’avais depuis longtemps dans mes « cartons » cette vidéo très intéressante, mais je n’avais jamais pris le temps d’écrire un article sur mon blog. Elle se regarde avec d’autant plus d’intérêt, quand on sait que la « centrale » qui contrôle la direction des saccades oculaires, en fonction de l’espace environnant, est une petite structure du cerveau nommée colliculus supérieur, qui reçoit les données de la proprioception des muscles oculomoteurs (et oui, pour coordonner ses yeux et diriger correctement son regard, il faut que le cerveau sache où est l’œil dans son orbite … ).
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Zoï Kapoula, directrice de recherche au CNRS, est accueillie dans un Collège Lycée pour faire des tests montrant le rapport entre motricité, vision et dyslexie. Un casque spécial a été mis au point pour cette étude et est testé sur des enfants. Ce dispositif est associé à un système informatique et rend compte, en temps réel, de tous les mouvements de chacun des deux yeux. Ces dys-coordinations et instabilités pourraient expliquer en partie la lenteur de la lecture chez les enfants dyslexiques. (Clic sur l’image pour accéder à la vidéo) :
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Posté dans 10 juillet, 2018 dans Neurosciences, Neurovision, Proprioception. 1 commentaire
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J’ai encore trouvé de petites pépites sur la vision inconsciente, qui nous font toujours mieux comprendre le rôle de la voie rétinotectale (dans ce système, une partie des influx nerveux qui proviennent de la rétine se projette sur une petite région appelée colliculus).
Je ne peux copier ici ces articles dans leur intégralité, pour des questions de droits d’auteur, je ne vous en donne que des extraits, mais je vous conseille vivement d’aller les lire dans leur intégralité .
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Rappelons que selon le Dr Quercia :
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Même si elle reste largement ignorée des spécialistes de ce domaine, la posturologie fait partie de la neuro-ophtalmologie. Cette dernière, en pratique ophtalmologique courante, s’intéresse surtout à ce qui se passe entre la rétine et le lobe occipital. La posturologie est liée essentiellement à la voie optique accessoire dont nous sous-estimons volontiers l’importance. Elle se penche aussi sur tout ce qui se passe en aval du lobe occipital, notamment au niveau des aires associatives. C’est là que s’initient probablement beaucoup de fonctions humaines supérieures et les perturbations cognitives du SDP n’ont certainement pas fini d’étonner.[...]
L’œil est un double capteur postural :
- la rétine périphérique, grâce au système magnocellulaire sensible aux variations de contraste et aux mouvements, joue un rôle primordial dans les réactions posturales adaptatives. Les informations sont véhiculées au cortex par les voies optiques rétino-corticales mais c’est essentiellement le système optique accessoire qui gère les informations posturales provenant de la rétine. Un élément important de ce système est représenté par le colliculus supérieur qui est considéré comme un des centres de la régulation motrice œil-tête. Dissimulé à notre conscience par le flot d’images corticales, le système optique accessoire, fonctionne cependant en permanence.
Voici donc un extrait de l’article : De la vision aveugle… sur la route !
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« Si l’on peut perdre la vision suite à une défaillance de la rétine, on peut aussi, plus rarement, devenir aveugle si notre cortex visuel est lésé des deux côtés.
C’est ce type de lésion qui provoque cet étrange phénomène qu’on appelle la vision aveugle (ou inconsciente). Alors que des personnes atteintes disent ne rien voir, elles peuvent néanmoins réussir à identifier correctement la position d’objets dans l’espace. Comment est-ce possible si elles disent ne rien voir ? En insistant : on leur demande simplement de « prendre une chance », de deviner, en pointant dans une direction où l’objet ou le point lumineux pourrait être. Et la plupart du temps, elles pointent dans la bonne direction. Béatrice de Gelder a même montré que le sujet peut éviter des objets en se déplaçant dans un couloir.
[...]
Ces résultats, pris dans leur ensemble, suggèrent que même chez les individus normaux, une partie de notre vision et de nos réponses émotionnelles à ce que nous voyons tous les jours, est inconsciente. Que nous percevons probablement sans nous en rendre compte une bonne partie des caractéristiques du monde qui nous entoure : des formes simples, des volumes, certains mouvements, certaines couleurs, des émotions exprimées subtilement par des visages…
Quelles seraient alors les régions du cerveau permettant de voir et de répondre à ce que l’on ne sait pas qu’on a vu ? Essentiellement des structures sous-corticales, comme le colliculus supérieur ou le pulvinar, qui envoient des projections directement à différentes aires corticales visuelles sans passer par le cortex visuel primaire (V1)
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Et voici maintenant un extrait de l’ article : Vision aveugle
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Il existe une façon de voir inconsciente, plus primitive, qui agit directement sur nos émotions.[...]
Lorsqu’on présente dans son champs visuel aveugle à une personne qui a une lésion du cortex cérébral visuel (aveugle donc) , lorsqu’on lui présente une photo d’un visage et que l’on mesure la dilatation des pupilles, la sueur, le changement du rythme cardiaque, on découvre que la personne répond sans le savoir aux émotions exprimées par le visage sur la photo, la joie ou la peur.
La personne ressent une émotion même si elle ne sait pas qu’elle la ressent.
Mais si l’on présente une photo d’un visage ayant une expression neutre, il n’y a pas de réactions.
Si on mesure la contraction des muscles du visage de la personne qui regarde la photo, on découvre qu’elle commence à mimer l’expression du visage, qu’il y a une ébauche de contraction des muscles impliqués dans le sourire si le visage a une expression joyeuse ou l’ébauche de contraction des muscles impliqués dans le froncement des sourcils si le visage exprime la peur, suggérant que les neurones miroirs de la personne en train de regarder sont en train de faire ressentir chez la personne qui ne sait pas qu’elle est en train de voir l’expression, l’émotion qu’elle voit sans le savoir sur le visage de l’autre.Que signifie voir ?
Que signifie être conscient de ce que l’on voit ?Lorsqu’on ne dit rien à la personne aveugle en lui projetant les images, elle réagit mais dit qu’elle n’a rien vu. Elle ne sait pas qu’elle réagit à quelque chose.
Si on lui demande qu’est ce que vous voyez, elle répond « rien ».
Mais si c’était une émotion, ce serait de la joie ou de la peur ? La personne répond alors le plus souvent correctement.
Si son attention est attirée sur ce qu’elle voit sans le savoir, si on lui dit qu’elle peut simplement deviner, se jeter à l’eau, alors elle devient capable de dire avec des mots ce à quoi elle a réagit sans le savoir.
C’est comme si l’attention, dans la vision aveugle faisait émerger l’inconscient à la conscience incomplètement dans un entre deux ou se mêle la conscience et l’incertitude.
[...]Mais quelle est cette région qui permet de voir et de répondre a ce que l’on ne sait pas qu’on a vu ?
Les influx nerveux qui proviennent de la rétine suivent au moins deux trajets différents en parallèle.
L’un de ces trajets gagne le cortex visuel du cerveau, celui qui est impliqué dans la vision consciente et l’autre gagne une petite région, une région plus ancienne en terme d’évolution du vivant appelée colliculus.
Chez les poissons et les oiseaux, c’est la principale structure du cerveau qui est activée par la rétine. Chez les mammifères et les primates, c’est le cortex visuel qui est principalement impliqué dans la vision.
Mais l’imagerie cérébrale révèle que cette petite région et d’autres régions impliquées dans les émotions, les réponses motrices, les gestes, sont activées au cours la vision aveugle.
Et chez les personnes n’ayant pas de visions cérébrales, cette région est activée plus vite et pour des seuils d’activation plus faible que le cortex visuel. La vision pleinement consciente , celle qu’élabore le cortex visuel, est plus riche mais plus lente et nécessite un évènement visuel plus intense pour se déclencher que la vision aveugle.
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Enfin, je vous propose aussi de visionner l’explication donnée sur la chaine de vulgarisation scientifique « E-penser » (j’ai sélectionné le passage, clic sur l’image) sur les capacités de perception des aveugles privés de cortex visuel primaire, où il aborde notamment le rôle du colliculus :
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Lire aussi : Les différentes voies visuelles
Posté dans 9 juillet, 2018 dans Le coin du chercheur, Neurosciences, Neurovision, Proprioception, SDP/dysproprioception. Pas encore de commentaires
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Lorsque nous sommes face à une situation menaçante, notre premier réflexe est d’évaluer le danger puis de décider ou non de prendre la fuite. Mais comment notre cerveau prend-il cette décision ? Comment arrive-t-il à évaluer le niveau d’une menace ? Une équipe de chercheurs anglais est parvenue à répondre à ces questions. Publiés dans la revue Nature, leurs résultats pourraient être très utiles pour comprendre certains troubles du comportement humain. [...]*Certaines personnes atteintes de stress post-traumatique ou souffrant de phobie sociale se sentent menacées en toutes circonstances, comme si leur cerveau n’était pas capable d’évaluer si une situation est vraiment dangereuse et de prendre la bonne décision quant à une fuite.[...]
Les chercheurs ont identifié deux régions, situées à la base du cerveau, ayant un rôle crucial dans la décision de prendre la fuite : le colliculus supérieur et la substance grise périaqueducale. Plus précisément, c’est la connexion entre ces deux régions qui va déclencher la fuite.
Explication : un évènement menaçant est capté par l’œil. Les neurones de la rétine transfèrent l’information aux neurones du colliculus supérieur. Ces neurones font alors appel à leur propre mémoire et analysent la situation. [...]
Si la situation est dangereuse, l’activité neuronale dans le colliculus supérieur augmente. Passé un certain seuil d’activité, la connexion avec la substance grise périaqueducale s’établit et le cerveau prend alors la décision de fuir. En revanche, si l’activité n’est pas assez importante dans le colliculus supérieur, la connexion ne se fait pas et il n’y a pas de fuite.
«On peut dire que les neurones du colliculus supérieur prennent la décision et que les neurones de la substance grise périaqueducale l’exécutent», résume Henrique Sequeira, professeur de neurosciences à l’université des sciences et technologies Lille 1.
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L’article dans son intégralité : Comment notre cerveau décide-t-il de fuir en cas de menace ?
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Je trouve les résultats de cette étude très intéressants et parfaitement en phase avec les travaux du Dr Quercia (notamment avec le symptôme de l’inconfort dans la foule). Un nombre trop important d’erreurs causées par un dysfonctionnement proprioceptif est à l’origine d’une incohérence entre les différentes informations sensorielles qui parviennent au colliculus. Dès lors, celui-ci peut-il analyser sereinement la situation ?
En tout cas, cet article me parle, à moi qui suit dysperceptive dysproprioceptive, à moi qui doit lutter très fréquemment contre ce sentiment d’angoisse inexpliqué : dans la foule, quand il y a ne nombreuses voitures en mouvement autour de moi, face à une situation nouvelle dont je ne maîtrise pas tous les aspects, etc. (Même si je sais le cacher et donner l’illusion que tout va bien )
Posté dans 5 janvier, 2017 dans Le coin du chercheur, Neurovision, Proprioception, SDP/dysproprioception. Pas encore de commentaires
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Ceux qui suivent mon blog depuis le début savent que les difficultés de mon fils ont d’abord été attribuées à des troubles neurovisuels (notamment visio-spatiaux), puis devant l’échec des rééducations neurovisuelles et autres , à un dysfonctionnement proprioceptif à l’origine de ces mêmes troubles neurovisuels.
Mais comment vision et proprioception sont-elles liées ?
J’ai trouvé très intéressante une étude du Pr JP Roll (CNRS de Neurophysiologie Fonctionnelle et de Neurosciences Intégratives et Cognitives à l’Université de Provence) qui nous éclaire sur ce point :
Extraits :
« Les sensibilités kinesthésiques (ou proprioceptives) ont un rôle fondateur dans toute connaissance et notamment de la représentation du corps au travers des actions qu’il accomplit. Dès lors, parce que les sensibilités proprioceptives sont celles des actions du corps, nous proposerons qu’elles aient un statut particulier parmi nos autres sensibilités. Qu’elle soient considérées comme un sens premier, celui qui donne du sens aux autres sens. […] Les muscles constituent en effet la majeure partie de nos chairs et les masses musculaires sont les tissus de l’action. […] Mais au-delà de leurs fonctions motrices, les muscles sont aussi une chair sensible, un vaste organe des sens distribué dans la totalité du corps. […] Les capteurs dont sont dotés nos muscles sont des mécanorécepteurs dont l’aptitude est de détecter en permanence, et de transmettre au cerveau, des informations sur l’état des muscles qui les contiennent et de leurs changements d’état au cours de l’action.
[…]
« Ce n’est pas l’œil qui voit, c’est le corps comme totalité ouverte »
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Des expériences récentes ont démontré qu’au-delà de sa contribution à la connaissance de soi, la sensibilité des muscles participe à l’exploration de l’environnement grâce aux actions que nous réalisons. Les « actions perceptives » qui orientent et guident nos organes des sens vers leur stimulus, influencent profondément le traitement des messages sensoriels : ainsi le système nerveux central traite-t-il conjointement les informations musculaires nécessairement associées à l’action de voir. Comment pourrions-nous localiser une cible visuelle dans l’espace sans que le système nerveux soit précisément informé du lieu où se trouve le corps et notamment l’œil ? […]
Nous avons présenté une cible ponctuelle immobile sur un écran en face d’un sujet immobile. La vibration* des muscles inférieurs des yeux, la partie antérieure du cou ou même des chevilles, donnent au sujet l’illusion d’un déplacement de la cible vers le haut. Si dans les mêmes conditions on demande au sujet de pointer la cible du doigt, il commet une erreur de localisation. […] Enfin, quand les muscles oculaires externes des yeux sont vibrés simultanément, le sujet a l’impression que la cible se rapproche de lui […]
La rétine est portée par un ensemble de segments corporels mobiles et emboîtés que sont successivement l’œil, la tête, le tronc et les jambes : les signaux proprioceptifs issus de toute la chaîne des muscles mobilisant ces segments, « disent » à tout instant au cerveau quelle est l’attitude ou quels sont les mouvements du corps et lui permettent le calcul de la position absolue de la rétine dans l’espace. L’ensemble des informations issues des muscles, depuis ceux des pieds qui ancrent le corps au sol jusqu’à ceux des yeux ** qui ouvrent le corps sur le monde est indispensable à la connaissance, à chaque instant, de notre position dans l’espace.
L’intégralité de l’article : « La proprioception : un sens premier ? »(Résonances Européennes du Rachis – Volume 14 – N° 42 – 2006 pp1731-1736)
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Notes :
* : Les vibrations des muscles sont des leurres sensoriels capables de générer des messages proprioceptifs proches de ceux évoqués au cours d’un mouvement naturel et qui induisent une sensation illusoire de mouvement.
** : Et là, on comprend l’intérêt du traitement proprioceptif qui agit sur le système musculaire depuis l’œil (prismes) jusqu’aux pieds (semelles) et inversement.
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En conclusion, si le cerveau de mon loulou ne connaissait pas précisément l’emplacement de sa rétine dans l’espace, du fait de son dysfonctionnement proprioceptif, il n’est pas étonnant qu’il ne percevait pas toujours correctement la marge, commençait à écrire au milieu de la page, ne percevait pas certaines parties d’un devoir, etc. :
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Alors, pour finir sur une note d’espoir, comme l’a dit le Dr Quercia (Chercheur associé – Unité INSERM U1093 Cognition Action et Plasticité Sensorimotrice) lors d’ une conférence récente :
Il faut remettre au devant du tableau clinique la perception. Le cerveau se nourrit déjà d’informations qu’on peut modifier. Sortons du dogme qui dit « c’est le cerveau dans telle zone qui ne fonctionne pas bien, c’est un mauvais câblage, c’est développemental, on ne peut rien y faire ». Il faut donc se réapproprier la perception car elle permet la rééducation. »
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